Bertrand K
●Qu’est-ce qui a inspiré le ton émotionnel et les thèmes lyriques de « Forget Yourself Not » ?
Freya Magee
● Sur le plan tonal, c’est une chanson exaspérée, où l’on voit quelqu’un répéter des schémas sans jamais tenir ses promesses. Une frustration s’installe lorsque les mots commencent à perdre leur poids, surtout dans les relations où l’alcool brouille les pistes. Mais il s’agit moins d’une histoire d’amour que du constat d’une personne stagnante.
Bertrand K
● La chanson mélange des textures indie folk et indie pop chatoyantes. Comment avez-vous créé ce son ?
Freya Magee
● Je voulais m’appuyer sur la production onirique de Duplicity et apporter plus d’énergie et de luminosité aux textures, mais c’est vraiment la batterie qui fait ce morceau. Phil Taylor, mon producteur, a consacré beaucoup de temps à créer les rythmes et les fills frénétiques et imprévisibles que je souhaitais, pour donner au morceau sa vivacité.
Bertrand K
● Vous avez décrit la chanson comme un reflet des relations modernes. Dans quelle mesure s’inspire-t-elle de votre expérience personnelle ?
Freya Magee
● J’ai tendance à écrire à partir de moments vécus, puis à les abstraire un peu. Elle est écrite de manière narrative, dans le contexte d’un vrai dîner en amoureux et du coup de fouet que j’ai ressenti le lendemain de l’amnésie sociale de la personne, mais plus généralement, elle est née des frustrations que j’ai ressenties en me faisant de nouveaux amis à Londres qui, eux aussi, oubliaient leurs confessions de 2h du matin avant le brunch. C’est même un morceau qui m’a appris à me souvenir de moi-même.
Bertrand K
● Comment votre déménagement de Melbourne à Londres a-t-il influencé votre écriture et votre vision artistique ?
Freya Magee
● Je n’ai acheté ma première guitare qu’après mon arrivée à Londres et je ne pense pas qu’il y aurait eu le même élan et les mêmes opportunités à Melbourne qu’ici. Avec mon producteur, j’ai accès à un univers sonore complet auquel je n’aurais pas pu accéder seul. Ici, tout le monde est tellement créatif et inclusif, et culturellement, on a l’impression qu’il y a plus de liberté pour être artiste. C’est plus difficile de trouver du temps libre pour écrire dans une ville aussi dynamique, cependant.
Bertrand K
● Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus créatif derrière l’enregistrement de « Forget Yourself Not » ?
Freya Magee
● Je l’ai écrite en 2022 et je l’interprétais en acoustique avant d’apporter une démo à Phil Taylor avec une playlist de référence. Je voulais un son plus indie-pop pour honorer l’ambiance joyeuse du morceau, alors il l’a enrichie avec des options de guitare, de synthé et de batterie, et nous avons testé plusieurs mixages différents pour obtenir le feeling parfait. Je tenais absolument à inclure un effet sonore de sac-poubelle jeté dans une ruelle. C’est une réponse littérale aux paroles, mais je trouve que c’est un moment théâtral amusant.
Bertrand K
● Votre premier single, « Duplicity », explore la dualité et l’identité. Comment « Forget Yourself Not » s’appuie-t-il sur ces idées ?
Freya Magee
● Tous deux traitent de contradiction et de questionnement identitaire, cette dernière étant liée à l’autre. J’aime apprendre à connaître une personne et découvrir ce qui l’anime, et je crois les gens lorsqu’ils parlent, alors quand ils commencent à se contredire, je suis assez déstabilisé.
Bertrand K
● Quel rôle jouent les émotions nocturnes et le contexte urbain dans l’atmosphère de votre musique ?
Freya Magee
● Londres est une ville spectaculaire, riche en expériences et en gens intéressants, les sujets d’écriture ne manquent donc pas. Les émotions semblent plus fortes dans l’obscurité, peut-être parce qu’on finit toujours par rentrer chez soi, dans le silence et la solitude. J’écris beaucoup la nuit, quand la ville se calme mais que les pensées s’amplifient.
Bertrand K
● Comment équilibrez-vous vulnérabilité et force dans vos compositions ?
Freya Magee
● Ce n’est pas tant un équilibre conscient, il faut juste être honnête quant à l’ambiance. J’ai souvent tendance à conclure une chanson à la fin, mais je pense qu’il vaut mieux honorer le sentiment profond qu’elle exprime et s’arrêter là. D’autres morceaux plus vulnérables suivront !
Bertrand K
● Vous travaillez actuellement sur votre premier EP. À quoi les auditeurs peuvent-ils s’attendre avec ce projet à venir ?