Bertrand K
● Votre EP « Causing a Commotion » marque une nouvelle étape dans votre évolution en tant que The New Citizen Kane. Que représente ce projet pour vous à ce stade de votre carrière ?
The New Citizen Kane
● Je voulais simplement que ce soit un moment de répit, quelque chose d’amusant, une célébration de l’année écoulée, et surtout de cet été, avant de plonger tête baissée dans l’univers plus émotionnel de Psychedelika.
Bertrand K
● Une grande partie de votre musique explore la tension entre fantasme et réalité, retenue et abandon. Comment « Causing a Commotion » poursuit-il ou développe-t-il ce thème ?
The New Citizen Kane
● Nous avons grandi dans cette société occidentale moderne où tant de choses, notamment l’amour romantique, sont idolâtrées et vénérées à un point tel que ce n’est pas toujours sain. Les films et les séries, surtout grand public, créent bien souvent des attentes irréalistes quant à ce que devrait être une relation, quant à la facilité avec laquelle elle devrait naître. Les réseaux sociaux ont aggravé la situation en ne montrant que les meilleurs moments de la vie. Je pense qu’un équilibre sain entre fantasme et réalité est nécessaire pour naviguer dans les relations et la vie, cet idéal à atteindre, tout en comprenant que pour l’atteindre, il faut travailler dur, avoir des conversations délicates, montrer sa vraie nature plutôt que la version soignée et prête à être interviewée. J’essaie de capturer cette dualité dans nos vies lorsque j’écris, pour qu’elle soit toujours présente.
Bertrand K
● « Subconscious » a été décrit comme une confession venue des profondeurs de la psyché. Comment ce morceau s’intègre-t-il au récit plus large de l’EP ?
The New Citizen Kane
● Subconscious est le séducteur de l’EP, jouant avec les désirs, avec des sentiments souvent inexprimés. Bubble Gum Hot et San Diego incarnent les cœurs nostalgiques, Meet Me On Street Corners le romantique aux yeux écarquillés, Ratbag Joy l’évasion, Hearts Aren’t Made Of Wood la sagesse et la connaissance, et Causing a Commotion, eh bien, c’est la soupape de décompression : hormones, chaos et groove s’entrechoquent sur la piste de danse. Un kaléidoscope d’expériences humaines enveloppées dans la chaleur estivale.
Bertrand K
● Vous avez dit que votre travail était comme « un rêve sur lequel on peut danser ». Comment cet EP trouve-t-il l’équilibre entre émotionnelle, sensibilité et énergie sonore ?
The New Citizen Kane
● Écrire, c’est comme une thérapie pour moi, c’est ma façon d’appréhender la vie. C’est donc intime car je partage mes expériences et j’ai un style narratif à la fois conversationnel et cinématographique. Je n’édulcore pas les choses ni ne les rends plus intelligentes que nécessaire. J’écris simplement ce qui s’est passé, ce que j’ai ressenti, et beaucoup de gens s’identifient à ça. Je pense que la musique dance ou pop s’attend à ce qu’elle ne soit pas aussi vulnérable et émotionnelle, et je suis là pour renverser cette idée. Je veux créer une musique à la fois honnête, réfléchie et exaltante.
Bertrand K
● Après l’ambitieux album visuel « The Tales of Morpheus », comment avez-vous abordé la création de « Causing a Commotion » ? Le processus était-il plus intimiste ou tout aussi cinématographique ?
The New Citizen Kane
● En créant « Tales of Morpheus », j’ai découvert mon amour pour l’extension du processus créatif par la narration visuelle. Pour moi, cela complète le processus. Je ne peux donc pas dire si chaque projet sur lequel je travaillerai à l’avenir sera une expérience audiovisuelle complète. Cependant, pour tout ce qui se trouve dans l’univers de Psychedelika, c’est tout à fait, et je dirais même plus cinématographique que Morpheus. Certains clips sont comme des mini-films.
Bertrand K
● Votre musique brouille souvent la frontière entre journal intime et mythologie. Quelles vérités ou histoires personnelles ont façonné les chansons de cet EP ?
The New Citizen Kane
● Eh bien, mes récits en disent déjà long. Mais pour en savoir plus, il vous faudra regarder « Tell Tales », une série de reels Instagram où je raconte l’histoire de mes chansons.
Bertrand K
● Étant désormais basé à Londres, comment la scène musicale et artistique de la ville a-t-elle influencé le son et l’ambiance de « Causing a Commotion » ?
The New Citizen Kane
● Vivre à Londres a probablement eu plus d’impact sur ma musique à l’époque où je préparais mon premier album, It’s Not Science.. It’s A Feeling. J’ai vraiment VÉCU la vie à cette époque, sur la scène, à l’écoute, à l’affût des tendances. Aujourd’hui, faire de la musique est devenu pour moi un processus introspectif et apaisant. Bien que l’influence de Londres soit présente, ma vie est riche d’influences : lieux, personnes, expériences, et je ne cherche pas tant à m’aligner sur telle ou telle tendance, mais plutôt à produire de manière à amplifier le message des paroles, en intégrant des éléments de genres variés, car j’écoute et j’apprécie toutes sortes de musiques, tout en restant fidèle à mon essence électronique. Vous retrouverez donc des éléments de Bossanova, de Tango, de Folk, de Trip Hop, de R&B, de Soul, et quelques touches de New Wave dans mes œuvres.
Bertrand K
● Le titre lui-même, « Causing a Commotion », suggère une perturbation ou un impact. Quel genre de réaction espérez-vous susciter chez les auditeurs ?
The New Citizen Kane
● Le titre est un peu ironique… Quand j’ai décidé d’inclure la chanson sur l’EP, ça ne pouvait pas ne pas être le titre. Dans toute ma musique, j’aime bousculer les attentes, et je pense y être parvenu jusqu’à un certain point jusqu’à présent. Quant à la réaction des auditeurs, je suis simplement heureux lorsqu’une chanson, une histoire, touche une personne qui en avait besoin ; au final, tout est une question de connexion.
Bertrand K
● Vous vous décrivez comme un artiste avant tout, plutôt qu’un artiste à l’abri des contraintes de l’industrie. Comment cette philosophie se reflète-t-elle dans les risques que vous avez pris avec cet EP ?