Bertrand K
● Bonjour Ludö, Tout d’abord merci de nous avoir accordé cette interview exclusive. Ta musique semble être une fusion entre poésie brute et expérimentation sonore. Comment arrive-tu à équilibrer émotion et complexité dans tes compositions ?
Ludö
● Mon intention est de ne jamais sacrifier l’émotion au profit de la complexité technique, l’expérimentation sonore est un outil pour intensifier le sentiment, pour donner une couleur particulière à l’émotion brute du texte.
Bertrand K
● Tu évoques souvent la lumière dans l’obscurité, les rêves des anciens… Quelle place garde la mémoire et la transmission dans ton écriture ?
Ludö
● Pour moi, la mémoire est un terreau fertile pour la création, les histoires passées, les échos du temps, peuvent éclairer le présent et nourrir l’imaginaire et surtout ne jamais oublier pour ne pas reproduire les erreurs…
Bertrand K
● Tu es influencé par des artistes aussi variés que Monk, Gainsbourg, Higelin ou Magma. Comment ces univers s’entremêlent-ils dans ta création musicale ?
Ludö
● Chaque artiste m’apporte quelque chose de spécifique : l’harmonie et le rythme chez Monk, la langue et l’ironie chez Gainsbourg, la folie et la liberté chez Higelin, la puissance et l’énergie chez Magma.
Bertrand K
● Ton univers est décrit comme “organique”, “crépusculaire”, presque tactile. Comment construire-tu cette atmosphère si singulière, entre douceur et résistance ?
Ludö
● J’aime les paradoxes et les mélanges et j’aime incorporer de la “douceur” avec de la “résistance”, des mélodies mélancoliques portées par une rythmique plus affirmée, ou par des textes poétiques qui abordent des thèmes plus sombres. L’idée de contraste m’intéresse
Bertrand K
● Tu es également comédien. En quoi ton expérience de la scène et du jeu nourrit-elle ton approche de la musique ?
Ludö
● Par la présence sur scène, l’incarnation des textes, la connexion avec le public. Mon expérience de comédien m’aide à habiter tes chansons, à leur donner une dimension théâtrale.
Bertrand K
● Dans un monde souvent saturé de superficialité, tu proposes une musique engagée, presque militante. Est-ce un choix délibéré ou une nécessité intérieure ?
Ludö
● Ce que j’entends par « engagé » et « militant » dans la musique c’est juste une prise de position humaniste, d’une invitation à la réflexion, d’une mise en lumière de certaines réalités.
Bertrand K
● Peux-tu nous parler d’un moment-clé, un tournant dans ton parcours artistique, qui t’a poussé à suivre cette voie ?
Ludö
● Il y a eu beaucoup de tournants, de virages, la route n’a pas été droite et je crois que tout participe au processus de développement.
Pour ce projet particulièrement, c’est la phrase d’un ami musicien “j’en ai assez de travailler pour les autres, je veux monter mon projet” ça a été le déclic, je me suis dit “mais oui, il a raison” puis est venu le Covid et j’ai regroupé tous mes écrits et toutes mes compositions.
Bertrand K
● Comment se passe le processus créatif pour toi : pars-tu d’un texte, d’un groove, d’un état d’âme ?
Ludö
● Ici, je me suis imposé une contrainte, devant les nombreux textes et nombreuses compositions j’ai décidé que ce serait piano voix et puis parfois le texte induit une mélodie de par sa rythmique et parfois c’est la musique qui évoque des ambiances des paysages, des mots.
Bertrand K
● Ton style oscille entre chanson française, jazz-rock et musiques du monde. As-tu une envie d’élargir encore davantage tes horizons sonores ?
Ludö
● J’ai l’habitude de dire que je touche à tout mais que je suis bon à rien, j’aime explorer les instruments et je préfère souvent un musicien qui en peu de notes exprime une émotion forte qu’un technicien sans âme
Mes influences sont très diverses et attirent mes écoutes et mes centres d’intérêt, j’ai envie de faire du rock brut et aussi d’utiliser tous mes instruments acoustiques pour composer quelque chose de plus monde.
Bertrand K
● Quelle émotion ou quel message souhaite-tu que le public garde après avoir écouté une de tes chansons ?
Ludö
● Qu’il n’est jamais trop tard pour s’indigner, pour aimer, pour vivre tout simplement et qu’on peut être sérieux dans ce qu’on fait sans se prendre au sérieux, sinon quel monde allons nous laisser à l’IA..?
Bertrand K
● Merci Ludö de m’avoir accordé cet entretien.